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« L’Arsenal » : un site industriel d’envergure lié à l’histoire avec un grand « H »
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Depuis juin 1934, le taux de chômage à Limoges prend des proportions considérables pour atteindre 8000 chômeurs, représentant ainsi 20% de sa population active.
Pour faire face à cette situation, de nouvelles activités sont alors développées au côté des industries plus traditionnelles telles que le textile, la porcelaine ou encore le papier. C’est ainsi qu’en 1939, l’A.R.A.A (Atelier de Réparation de l’Armée de l’Air), usine de construction aéronautique, spécialisée dans les réparations des moteurs d’avion qui dépendent de l’Armée de l’Air, s’installe à cet emplacement. En 1942, l’A.R.A.A. fusionne avec « Gnome et Rhône », société du même nom, spécialisée dans le montage de moteurs d’avions et la création d’outillages et de prototypes.
Après l’invasion de la zone libre par les Allemands le 11 novembre 1942, le site est réquisitionné, dirigé et exploité par ces derniers.
Durant, la période de l’Occupation, ouvriers, syndicalistes et résistants se mobilisent et s’organisent afin de saboter les fameux moteurs « Gnome et Rhône » à quatorze cylindres en étoile qui deviennent un enjeu stratégique majeur car, rares et puissants (plus de mille chevaux). Il est donc urgent de les détruire.
Ainsi, dans la nuit du 8 au 9 février 1944, le site est bombardé par l’escadrille 617 de la Royale Air Force, dirigée par Lord Cheschire pilotant le premier des cinq Avro Lancaster (bombardier quadrimoteur qui a la particularité de transporter une bombe unique de plus de 6 tonnes à partir de 1944).
Cette opération est réalisée avec une grande précision. Lors des passages répétés des bombardiers au-dessus de l’usine, des fusées éclairantes sont d’abord larguées donnant ainsi la possibilité aux ouvrières de nuit de se mettre à l’abri. Puis, de nombreuses bombes sont lâchées dont une expérimentale, appelée « blockbuster » de 6 tonnes (nom donné aux bombes lourdes utilisées par la Royale Air Force durant la seconde Guerre Mondiale). Les dégâts matériels au niveau de l’usine sont considérables. Les pertes civiles quant à elles, sont pratiquement nulles. Les vibrations des explosions sont ressenties jusqu’au centre de la ville, dont la rue Jean Jaurès où des vitres sont brisées.
L’objectif est atteint. La production des moteurs est ainsi stoppée et les plans de l’occupant allemand se voient entravés.
Après la Libération, le site est en grande difficulté mais les ouvriers s’évertuent à remettre sur pied leur outil de travail. La société Gnome et Rhône est nationalisée à partir de 1946 et placée sous l’autorité du ministère des Armées. Son activité s’oriente vers la réparation des véhicules terrestres. Cependant, le contexte économique et les difficultés de restructuration suite aux dégâts subis, ne lui sont pas favorables et, en 1964, le ministère des Armées cède la direction du site à une entreprise industrielle, la Société Anonyme de Véhicules Industriels et d’Équipements Mécaniques (S.A.V.I.E.M) qui deviendra par la suite Renault Véhicules Industriels (R.V.I) puis en 1978, Renault V.I.
Depuis 2018, le site est dirigé par le groupe Arquus (leader européen des véhicules blindés et acteur de référence des technologies innovantes appliquées à la défense).